Puisque l'Avent débute avec son décompte joyeux, l'envie me vient de vous offrir des mots, des images, pour accompagner cette période à ma façon. Pour cultiver l'émerveillement à travers la grisaille. En commençant par un petit texte de circonstance:
Hommage aux fées de l’Avent
Je me souviens... J'avais huit ou neuf ans. J'habitais en Savoie avec mes parents et mon frère, la petite sœur à venir n'étant encore qu'une espérance. Le mois de décembre venait tout juste de
saupoudrer de blanc les montagnes alentour, nous n'avions pas encore sorti la luge et la scie pour aller couper le sapin avec Papa, et les bûches au café n'étaient pas tout à fait à l'ordre du
jour. C'est à ce moment-là qu'ils étaient arrivés...
Un peu cabossés par l'envoi postal, un peu en retard sur l'agenda, et peut-être un peu trop bariolés pour des yeux d'adultes, ils étaient posés nonchalamment sur la table du petit déjeuner, à
côté de nos bols. Deux coffrets cartonnés identiques, porteurs du même dessin aux couleurs vives : un Père Noël entouré d'enfants, près d'un sapin illuminé. Et derrière eux, à travers eux : 24
fenêtres numérotées, pré-découpées, encore fermées sur leurs trésors.
Nos tout premiers Calendriers de l'Avent.
Il faut vous figurer l'incroyable de l'évènement : si nos cousins alsaciens nous avaient déjà raconté leur joyeuse tradition chocolatée, nous ne l’avions jamais vue « en vrai ». Pour nous il
s'agissait d'un mirage. Et voilà qu'ils étaient là, en provenance directe d'Alsace, grâce à la générosité attentive de notre tata, cultivatrice de rêve devant l'éternel.
Nous étions le 3 ou le 4 décembre et mon frère s’est empressé d’ouvrir les premières fenêtres, dévorant d’office les jours écoulés. Le menton barbouillé de chocolat, il repérait un à un les jours
à venir, histoire de pouvoir chaque matin bondir directement sur la bonne fenêtre, sans perdre de temps. Quant à moi, j’avais volontairement fait mine d’ignorer les numéros. Je préférais me
concentrer sur le Père Noël tout rond, sur les lumières du sapin, et laisser mon regard planer comme un nuage aveugle sur les fenêtres numérotées. Je ne voulais pas anticiper sur les jours à
venir, je voulais savourer l’attente, dérouler les jours. Ainsi, ce mois de décembre-là, j’ai découvert que le temps pouvait passer différemment, quand on se donnait la peine de
l’accueillir.
Chaque matin, quand j’avais du mal à sortir du lit, quand le lait chaud avalé trop vite m’écœurait, que l’horloge me criait de me dépêcher de filer à l’école, je trouvais dans cette petite
fenêtre un court instant de paix. Un arrêt sur image. Une inestimable bribe de merveilleux. Un rituel précieux.
D’abord, chercher le numéro du jour, sans se laisser distraire par les « moi je sais ! » de mon frère.
Puis ouvrir la fenêtre sans tout arracher - pas le plus simple !, et en dégager le chocolat. Parfois, la fenêtre était vide. Qui était le mauvais farceur qui l’avait dérobé ? Le banc des accusés
était vide, le chocolat ayant simplement glissé dans une autre fenêtre – les joies de la livraison postale!
Enfin, dernier jeu et non des moindres : deviner la forme du dit chocolat. Si certaines étaient évidentes : sapin, étoile, sucre d'orge... pour d’autres il fallait rivaliser d’imagination. «
Euh... un âne peut-être? Ou alors une chaussette? »
Avaler le chocolat ensuite était presque décevant. Trop sucré, vaguement écœurant. La ganache de mon Papa était bien meilleure… il suffisait d’attendre encore un peu, jusqu’au 24, pour lécher les
ustensiles de cuisine. Attendre… Tout n’est-il jamais qu’une question d’attente ?
Aujourd’hui, les magasins rivalisent d’idées pour décompter ces 24 jours d’attente à coup de bières, de thés, d’échantillons de produits de beauté, ornés souvent de paillettes et de dorures, mais
pour moi, rien ne pourra jamais rivaliser avec le visage poupon d’un Père Noël assis au milieu d'une flopée d'enfants réjouis, cachant derrière ses fenêtres, sous des chocolats trop sucrés, le
sourire émerveillé de mon frère et celui, brillant comme une fenêtre éclairée, de ma Tata alsacienne... ma première Fée de l’Avent.
Texte Isabelle Bouchex (tous droits réservés)

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Martine (lundi, 01 décembre 2025 19:33)
Merci de nous offrir de nouveau ton calendrier de l'Avent...
Vivement demain pour une nouvelle lecture...
Et on a tous besoin d'une tata fée
Barbara (lundi, 01 décembre 2025 21:18)
La féerie est aussi dans ce beau texte. Je serai au rdv demain pour le suivant �
Monique Bibollet (lundi, 01 décembre 2025 21:41)
Merci Isabelle pour ce beau texte. Nous nous n'avions pas de calendrier de l'avent, mais l'attente avec l'amour de nos parents valait tellement plus. A demain pour un nouveau texte.
Carole (lundi, 01 décembre 2025 22:54)
Tres joli texte ! Merci !
Valentine Marchiol (lundi, 01 décembre 2025 23:49)
Merveilleux et si magique ce texte..
Isabelle (lundi, 01 décembre 2025 23:58)
Quel joli texte Isabelle♥️… Vivement la suite!
Tata Annie (mardi, 02 décembre 2025 10:10)
De l ' émotion , 1 petite larme mais 1 ❤️ bourré d' affection et de reconnaissance
Je t ' embrasse très fort ainsi que Nicolas
elisabeth calandry (jeudi, 04 décembre 2025 21:23)
merci (oui j'ai lu à l'envers)