6 décembre, la gourmandise selon Saint Nicolas

Saint Nicolas... cher saint Nicolas en pain d'épices...

Toi aussi, comme le Calendrier de l'Avent, tu es pour moi souvenir Alsacien (désolée pour le peuple Lorrain qui en est tout aussi responsable, peut-être même plus, si l'on en croit l'Est Républicain).

Ce matin c'est de toi que je veux me souvenir... Toi le grand gaillard au sourire discret et au pas sûr, marchant à jamais sur les routes de ma mémoire, sous les étoiles bleues de la nuit.

Saint Nicolas à la mïtre et à la crosse, je n'ai connu que tardivement la légende bouchère qui t'accompagne. Pour moi, tu étais d'abord le Saint des gourmands et des becs sucrés. Pain d'épices croquant et son glaçage à laisser fondre sous la langue. Parfum de cannelle, de girofle, un peu poivré. Cadeau de la fée alsacienne, une fois encore.

Aujourd'hui le trop-plein de sucre blanc m'agresse les papilles, l'emballage me gâche le plaisir, l'image en rouge et or me semble fanée. J'ai grandi.

Mais on ne renie pas si facilement son enfance. Bonbons colorés, gâteaux qui sentent bon, tartes aux pommes de mamie, trocs des cours de récré, la joie des uns et la jalousie des autres, ces instants persistent dans ma mémoire comme autant d'abeilles qui zonzonnent.

Le miel nouveau est encore à récolter.

Brave Saint Nicolas, il ma fallu quitter l'enfance pour te rencontrer ailleurs, autrement. J'ai découvert en Belgique les speculoos croquants, où ton effigie se fait plus discrète, n'étant pas imprimée en technicolor, mais délicatement marquée par les reliefs du moule à biscuits. Un bon compromis peut-être? Une belle rencontre entre l'enfance et l'âge adulte. Et toujours les épices plein la bouche. Ces épices qui font voyager. Pour un saint qu'on dit toujours sur les routes, c'est cohérent, non? Moi aussi, je veux continuer à voyager d'hier à demain, sur la route des épices.

Bon voyage, saint NIcolas qui émerveille les enfants.

Bon voyage, cannelle douce et piquante sous le palais.

Merci à vous de persister au-delà des enfances heureuses trop vite écoulées. Au delà peut-être des enfances malheureuses aux échos douloureux. Au-delà des années.

Merci de laisser votre sillage parfumé nous accompagner sur les routes du temps, dans nos méandres glissants. Pour nous aider à retomber du bon côté de la tartine. Côté glaçage sucré, côté couleurs dorées. Pour croquer chaque jour et épicer la vie.

Belle journée, gourmande, à vous qui me lisez... Et merci à tous les grands gaillards souriants qui marchent sur nos routes.